Et si c’était trop ?

Comment vivez-vous les nombreuses activités thématiques de vos enfants à leur école ou garderie ? Intéressantes ? Stimulantes ? Originales ?

Vous savez, ces journées où notre trésor doit porter un chandail d’une couleur X, une casquette, un soulier décoré ou un costume quelconque ? Des journées thématiques qui deviennent des semaines thématiques… et qui croyez-le ou non, gagnent du terrain en s’étirant en MOIS thématiques !

Depuis que mon fils aîné a fait sa grande entrée dans le monde scolaire et que mon autre fiston est en CPE à temps plein…la porte du frigo déborde de calendriers et de dates indiquant toutes sortes d’activités et de petits clins d’œil à tel évènement ou à un autre… Depuis quelques mois, je tente de me faire une opinion sur la question sans trop savoir ce qui « m’agace » de tous ces projets, car je dois vous avouer, je trouve que ce sont tous de superbes idées !

Si bien que pour être certaine qu’aucune d’entre elles ne m’échappe, je me fais un devoir de leur réserver une place dans mon agenda personnelle… Parce que vous savez comme moi à quel point il n’est jamais intéressant que NOTRE enfant nous aborde le soir en disant : « Mais Mamannnn…. tu as oublié la journée lacets décorés aujourd’hui ! »                Ah misère !

Femme organisée et planificatrice de nature, « Maman » s’adonne également à être une éducatrice dans l’âme qui adore les thématiques. Ayant opéré un service de garde familial durant quelques années, j’admets avoir moi aussi mis sur pied autant qu’il se pouvait, des journées de ce genre afin d’en mettre plein la vue à mes touts petits… Et force m’est d’avouer aussi que ces scénarios étaient bien souvent mis en place en grande partie pour mon propre plaisir. Inventer et créer toutes sortes d’aventures avec des enfants est une réjouissance pour le type d’éducatrice que je suis. Faut voir comme que je me réjouis toujours aux anniversaires de mes enfants et m’y donne à cœur joie dans leur mise en scène.

Or me voilà confrontée depuis un certain temps au fait qu’avec une telle multiplicité, j’ai du mal à ne rien oublier de toutes ces belles activités. Bien que fan de celles-ci et très compréhensive de leur importance, j’en suis venue à me questionner pour comprendre pourquoi j’éprouvais tant de difficultés à les concilier ? Pourquoi cette panoplie de divertissements programmés me « titillent » de plus en plus, bien que les idées qui les entourent, continuent la plupart du temps à m’enthousiasmer ?

Serait-ce mes capacités et mes talents de planificatrice qui diminuent avec le temps ? Ferais-je une mauvaise gestion de mon temps ? Peut-être que je ne devrais  pas tant impliquer les enfants dans la recherche de l’élément X à trouver pour la journée Y ? Je gagnerais ainsi du temps pour préparer la prochaine journée thématique… de la semaine prochaine !

Et si c’était seulement TROP ? Trop de toutes ces demandes… Trop de journées à thèmes… des thèmes qui perdurent de semaine en semaine…

Au départ, ces  préparatifs X pour la journée Y représentaient des moments privilégiés à partager AVEC mes enfants … mais à force de Noël  qui commencent dès le début décembre, de Pâques qui durent deux semaines, sans parler de la St-Valentin et Halloween qui sont, soit dit en passant, des évènements méritant d’être soulignés. Il s’ajoute à toutes ces festivités qui méritent l’attention dont les  journées de la fête des mères, des pères, de l’amitié, de la famille, du service de garde, des grands-parents, de la persévérance, du changement de saison, des secrétaires, des activités physiques, de la journée jouet, du défi  5/30, la journée de la terre, les cubes d’énergies… etc, etc ET… encore etc.

Bien sûr, je sais bien que TOUS ces sujets  invitent à la participation. Et oui, je suis convaincue également que la prévention et la sensibilisation sont la base des changements sociaux et de saines habitudes de vie. Mieux encore, je suis TOTALEMENT en accord avec ces idées ingénieuses et plein de bon sens. Mais est-ce vraiment ultra important de les organiser ou les accompagner  de plein d’accessoires  au lieu de se contenter de les souligner d’une façon créative mais laissant  la possibilité aux parents de les poursuivre à leur manière dans l’intimité familiale.

Le questionnement que je me pose maintenant ne vise pas à faire le procès de ces activités, pas plus de l’école, d’un service de garde ou d’un professeur. Au contraire, j’ai la chance d’avoir des milieux éducatifs très stimulants pour mes enfants, qui témoignent d’une très belle ouverture d’esprit et que j’apprécie.

Mon intention est uniquement de faire cheminer cette réflexion en tant que parents et membres de notre société:

  • Est-il vraiment nécessaire de toujours recourir au « kit » complet pour la tenue de toutes ces activités ?
  • Serait-ce possible de planifier des activités à l’interne en toute simplicité sans recours constants à des accessoires particuliers ?
  • Est-ce vraiment si pertinent de faire perdurer ces journées sur le même thème ?
  • Finalement est-il  si  nécessaire d’avoir une programmation 5 jours / semaine de « tâches » que les enfants doivent faire ou porter selon la journée de la semaine ?

J’entends encore mon fiston me dire : « Maman, c’est aujourd’hui Noël ? » Je lui répondis doucement : « Non mon grand, Noël est dans 9 dodos… »

Tout embêté, il me dit : « Je pensais que c’était aussi hier je crois que je serai fatigué dans 9 dodos… »

En tant que « bon parent », j’ai tenté de répondre à  la demande d’éléments variant du ruban brillant au grelot aux souliers… jusqu’à ce que je réalise que de continuer ainsi à répondre à ces attentes, j’envoie le message que j’endosse et accepte chacune de ces actions. Pire encore, en voulant me conformer à mon bon rôle de parent et surtout à la norme du groupe, je communique ce certain message que j’apprécie l’activité et que j’en voudrais peut-être davantage à la prochaine occasion. Quel enseignant réalisant l’excellente participation des parents ne se dit-il pas tout naturellement que « Wow, j’ai un groupe de parents qui participe tellement bien, que je dois leur en donner plus ! » Bref, une roue qui tourne  sans fin où la pression est de mise et où le TROP prend de l’envergure…

La sur-stimulation gagne beaucoup …TROP de place dans la vie de nos enfants. Comme si tranquillité signifiait ennui et que pour cette raison, il fallait les tenir en haute voltige.

Les enfants n’ont pas besoin d’être autant  pris en charge dans leur créativité. C’est connu qu’ils veulent juste « jouer », « s’amuser » et « être ».  Si en tant qu’adulte responsable et organisée j’ai du mal à suivre leurs  calendriers de divertissement, je n’ose même pas  imaginer le stress qu’ils  peuvent éprouver, eux, qui n’ont rien demandé de tout ça… mais qui doivent se plier à ces obligations.

Parents, parlons-en…

Des journées spéciales à l’école ou la garderie : certainement.

Un ménage à faire quant à la quantité d’activités: ASSURÉMENT !

Rappelons-nous…

Que le PLAISIR doit être à la base et la source même de toute activité.

Que la  sensibilisation ne nécessite pas toujours une célébration organisée.

Que la zénitude si elle est l’aspiration des parents, elle s’apprend aussi  aux enfants.

J’ai tout simplement  le goût de l’enseigner à mes fils et de me la rappeler à moi-même.

Bonne réflexion !  🙂

Caroline Boutin
Intervenante sociale diplômée
Conférencière et formatrice
Coach familial, certifiée NAC et praticienne PNL

Fondatrice de Parents Autrement

www.parentsautrement.com

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